Le tourisme scientifique au Québec

Lors de travaux de recherche mené par Pascal Mao et Fabien Bourlon à partir de 2011 en vue de leur article « Un essai de définition du Tourisme Scientifique » publié dans la revue Teoros, les écrits du Conseil du Loisir Scientifique (CLS) Saguenay – Lac Saint Jean de 2005 ont été mis en avant au Canada. Bien que des travaux antérieurs existent, aux États Unis (Wearing et Neil, 2000 ; Wearing, 2001, Stebbins et Graham, 2004) et en Amérique du Sud (Vargas Ulate, 1997 ; Hora et Cavalcanti, 2003, Laarman, J., & Perdue, R. 1989), ceux du Québec apparaissent comme pionniers dans la sphère francophone. Au vue des travaux en cours il semble important de rappeler le cadre dans lequel le tourisme scientifique a été pensé au Québec en mettant en valeur la contribution conceptuelle par le CLS Saguenay . Lac Saint Jean (2005).

 

Dans l’introduction du document « Tourisme Scientifique » le comité dirigé par Mr. Jocelyn Caron indique : « À l’automne 2005, un comité de travail sur le tourisme scientifique a été mis sur pied. Il souhaite promouvoir le tourisme à caractère scientifique au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Initiée par le Conseil du loisir scientifique du Saguenay–Lac-Saint-Jean et le Centre de conservation de la biodiversité boréale de Saint-Félicien, cette démarche vise à augmenter l’offre touristique régionale en proposant des produits spécialisés. Rapidement, plusieurs partenaires [le Cégep de Saint-Félicien, le Musée du Fjord, les Parcs nationaux des Monts-Valin, de la Pointe-Taillon et du Saguenay, la Société récréo-touristique de Desbiens] se sont joints au comité avec l’intention de développer le contenu scientifique de leurs activités touristiques afin de bonifier l’offre régionale. »

 

Le groupe reconnait l’existence de travaux antérieur dans le domaine du tourisme scientifique (TS) mais constatent que les définitions varient et diffèrent en fonction de la réalité du pays.

 

Le comité de travail indique en introduction que « au Québec, le tourisme scientifique est surtout associé au tourisme d’apprentissage qui consiste en des voyages éducatifs organisés, structurés et élaborés autour d’un thème (et que) les orientations de Tourisme Québec visent principalement à reconnaître le génie québécois. »

 

Constatant un besoin de clarification les travaux du comité ont d’abord permis de préciser une définition du tourisme scientifique, l’une pour le tourisme d’apprentissage scientifique (TAS) et l’autre pour le tourisme de recherche scientifique (TRS) :  1) « Le tourisme d’apprentissage scientifique consiste en des voyages éducatifs organisés, structurés et élaborés autour d’un thème scientifique. Les activités proposées sont pratiquées par un groupe restreint de touristes, désireux d’apprendre et d’expérimenter. Ces voyages comportent des expériences interactives de qualité, des visites exceptionnelles « en coulisses » et autres privilèges auxquels le grand public n’a pas accès. Les voyages éducatifs sont animés par des spécialistes du domaine qui partagent leur expertise et permettent aux touristes d’apprendre tout en vivant une expérience unique ». 2) « le tourisme scientifique est une activité de loisir spécialisée en sciences pures et appliquées. Cette activité est pratiquée par des groupes restreints de touristes désireux de connaître le processus de recherche scientifique et de participer à l’avancement de la science. La durée de l’activité doit être assez longue pour permettre une formation, une intégration adéquate et la réalisation d’objectifs précis. Le tourisme scientifique implique la supervision, par un chercheur ou un expert, d’activités scientifiques structurées. Le tourisme scientifique comprend obligatoirement une formation menant à une collecte de données selon la méthode scientifique. D’autres activités d’apprentissage peuvent être offertes telles des conférences réalisées par des experts ou autres ».

 

A la suite de cette proposition de cadrage le comité propose « la création d’outils permettant de mieux définir les balises d’une activité de tourisme scientifique [dont] un code d’éthique et une grille d’évaluation [qui] faciliteront le travail des organismes qui désirent intégrer des activités de tourisme scientifique à leurs produits ».

 

In fine, le CLS de Saguenay – Lac Saint Jean « souhaite privilégier les sciences naturelles dans le développement d’activités en tourisme scientifique » et propose un classement des disciplines et des modalités d’ applications. Pour le comité le tourisme scientifique doit se faire « dans l’optique du développement durable en aidant les petites communautés à développer leur potentiel touristique. Et ce, en favorisant l’accès de la science à tous, en rendant le tourisme scientifique accessible aux petites organisations, en créant des emplois spécialisés et en optimisant les ressources existantes. » Le comité recommande aussi que le « développement de certaines activités puisse se faire en partenariat avec les intervenants en écotourisme ». Il est ainsi sous entendu que le secteur scientifique doit mener le processus et non les entrepreneurs en tourisme. L’approche éducative prime face à l’approche produit.

 

Les auteurs du travaillent concluent : « À la suite d’un premier inventaire, nous constatons que le potentiel du Saguenay–Lac- Saint-Jean dans ce domaine touristique d’avenir s’avère excellent. Pourquoi ne pourrait-on pas un jour être invité à parcourir une « Route des sciences »? Il s’agit de bâtir une synergie régionale entre les intervenants touristiques et de mettre en place des forfaits de qualité donnant accès à des activités scientifiques ou de détentes uniques. » Les perspectives semblent favorables car « se plus en plus scolarisés, les gens recherchent davantage de contenu lors de leurs déplacements touristiques. Ainsi, ils ne se contentent plus de voyager de manière traditionnelle; bon nombre d’entre eux désirent apprendre en voyageant. Cet apprentissage ne se limite pas uniquement à la visite des monuments historiques ou des expositions présentées par les musées et les centres d’interprétation. Les gens souhaitent avoir un accès privilégié aux coulisses de ces institutions ainsi qu’aux divers autres sites touristiques [où ils travaillent]. Ils veulent voir ce qui se passe à l’arrière-scène. » Le tourisme scientifique peut ainsi « permettre d’exploiter de nouvelles facettes des sites et équipements touristiques de l’ensemble de la région ».

 

Pour plus d’informations sur les travaux du comité scientifique, voir le document suivant:

CLS Saguenay Saint Jean Le Tourisme Scientifique 2005 by Internatinal Scientific Tourism Network on Scribd

Laisser un commentaire