Résumé de la deuxième réunion scientifique sur le tourisme - du 16 au 30 avril 2019.

Résumé des activités du réseau international du tourisme scientifique et de la deuxième rencontre du tourisme scientifique

16-30 avril 2019, Punta Arenas, Puerto Williams et Valdivia, Chili

Voici un rapport des activités réalisées dans le cadre du réseau de recherche et de développement du tourisme au cours du mois d’avril 2019 au Chili. Activités co-organisées par le Center for Research in Patagonian Ecosystems et l’Universidad Austral de Chile et co-financées par l’Universidad Austral de Chile, l’Universidad de Magallanes, le Consulat de France au Chili, le Ministère des Relations Internationales à la Francophonie du Québec, Canada.

1. la Terre de Feu et la réunion sur le tourisme scientifique le 22 avril 2019

Du 19 au 23 avril, 8 membres du réseau (François de Grandpré, Université du Québec, Canada, Pascal Mao & Nicolas Robinet, Université Grenoble Alpes, France, Michel Bregolin, Univesidad Caxias do Sul, Brésil, Laura Rudzewicz, Universidad Federal de Pelotas, Brésil, Fabien Bourlon & Bárbará Jacob, Centro de Investigación en Ecosistemas de la Patagonia, Chili, Katerina Veloso, Universidad Austral de Chile) ont visité l’île de Navarino et la ville de Puerto Williams pour connaître l’expérience de la mise en œuvre d’un projet de tourisme scientifique de l’Universidad de Magallanes et de la Fundación Omora. Le programme « Tourisme à la loupe » et « Philosophie environnementale de terrain » développé depuis 2006 est un exemple de collaboration entre chercheurs, visiteurs et acteurs locaux qui se qualifie pleinement de tourisme scientifique. Cette initiative, centrée sur le sentier de découverte de l’écosystème subantarctique d’Omora, la présence d’un musée ethnographique (musée Martín Gusinde) sur le peuple Yagán et le sentier Los Dientes de Navarino, a stimulé le tourisme local dans une localité isolée mais présentant de nombreux sujets pertinents pour la recherche scientifique. Selon les informations recueillies auprès des acteurs locaux, environ 1500 visiteurs découvrent le sentier des Dientes de Navarino, 350 touristes visitent le parc Omora, 250 scientifiques visitent le centre de recherche et sont liés au parc OMORA et 60 étudiants participent tout au long de l’année aux cours et aux activités éducatives et scientifiques de la fondation, de l’institut d’écologie et de l’université de Magallanes.

Une rencontre entre les chercheurs invités, les responsables du projet de tourisme scientifique d’Omora et les acteurs locaux du tourisme, a montré un grand intérêt pour l’approfondissement des collaborations internationales, la création d’ateliers de terrain (suivant le modèle proposé par la Fondation Omora ou celui des chercheurs invités du réseau INST) ainsi que la formation au tourisme scientifique (dans les universités ou les centres de recherche des zones isolées, comme dans le futur Centre Subantarctique du Cap Horn, qui commencera à fonctionner à Port Williams en 2020, https://Laprensaaustral.cl/cronica/firman-contrato-para-construct-centro-subantartico-en-pto-williams/). Il a été proposé de promouvoir l’échange entre les acteurs des communautés locales et autochtones de Patagonie et du Nord du Québec, coordonné par l’Université du Québec et l’Université de Magallanes.

Réunion UMAG - IEB, défis écologiques et touristiques
Groupe de chercheurs du CIEP, de l'UACH, de l'UCS, de l'UQTR et de l'UGA.
Sentier d'interprétation de la visite "Tourisme à la loupe", exemples de tourisme scientifique
Réunion entre les acteurs du tourisme de Puerto Williams et les chercheurs du réseau de tourisme scientifique

2.- Punta Arenas, table ronde sur le tourisme scientifique et XIe congrès Societur le 23 avril 2019

À la demande de l’Universidad de Magallanes à Porvenir et en coordination avec le Centre de recherche sur les écosystèmes de Patagonie (CIEP), une table ronde a été organisée à Punta Arenas pour discuter du potentiel de développement du tourisme scientifique en Terre de Feu, au Chili et en Argentine. 15 spécialistes qui ont présenté différentes approches du tourisme scientifique

Le tourisme scientifique a répondu aux questions de plus de 150 enseignants, étudiants et entrepreneurs intéressés par les défis de sa mise en œuvre. Le débat a mis en évidence l’importance de proposer une définition, même large et ouverte, du tourisme scientifique afin d’aider les acteurs du tourisme scientifique à développer le concept et de favoriser un rapprochement entre la recherche et le tourisme. La science participative et la diffusion scientifique peuvent contribuer à promouvoir un meilleur développement du tourisme, contrairement à ce qui est observé dans le parc Torres del Paine. Une demande des communautés traditionnelles de la côte (Kawesqar) est formulée afin que les initiatives soient développées à partir des visions et des connaissances ancestrales et que les projets de recherche scientifique ou de développement touristique ne soient pas imposés. En outre, la question se pose de savoir comment inclure les communautés autochtones dans les projets de recherche scientifique participative, notamment sur les questions de vulnérabilité aux effets du changement climatique. Dans ce sens, le laboratoire éco-climatique de la région d’Aysén, un projet dirigé par le CIEP en collaboration avec diverses institutions (DGA, INIA, IFOP, COPAS Sur Austral, etc.), propose des lignes d’action co-participatives entre des chercheurs de différentes disciplines et la communauté publique-privée qui généreront et transféreront des connaissances pour le développement de stratégies d’adaptation pour les communautés locales.

Le 25 avril, lors du congrès du tourisme SOCIETUR et d’une session dédiée au tourisme scientifique, plusieurs présentations de chercheurs du réseau ont permis d’approfondir les éléments du débat sur les potentialités et les bénéfices du tourisme pour les territoires naturels. Des études réalisées au Canada, en France, au Pérou et au Chili ont montré des façons de mettre en œuvre le tourisme scientifique dans différents contextes géographiques et pour différents objectifs de développement touristique, territorial, culturel et scientifique. Les acteurs et entrepreneurs locaux ont formulé des préoccupations techniques et méthodologiques pour mettre en œuvre des projets de tourisme scientifique.

Table de dialogue sur le tourisme scientifique 23/4/19 à Punta Arenas, coordinateurs CIEP & UMAG
Table de dialogue 23/4/19 Auditorium UMAG Punta Arenas
Mesa de Diálogo 23/4/19 – CIEP Eco-climático
Mesa de Dialogo 23/4/19 – U de Alicante, U de Wellington y U. Grenoble Alpes
Sesión Turismo Científico XI Congreso de Societur 26-4-19, expone UACH
Sesión Turismo Científico XI Congreso de Societur 26-4-19, expone UQTR

3.- Valdivia et les deuxièmes rencontres scientifiques sur le tourisme du TS les 29-30 avril 2019

À l’initiative du CIEP et de l’Universidad Austral de Chile, une session de la deuxième rencontre du tourisme scientifique a eu lieu sur le campus universitaire de l’UACH, dans la ville de Valdivia. Ce séminaire, qui a réuni 10 partenaires du réseau de tourisme scientifique et une quarantaine de chercheurs, directeurs de projets de conservation et de tourisme, fonctionnaires d’État chargés de la recherche et du développement local, ainsi que des entrepreneurs et des guides régionaux, a permis d’approfondir l’étude du tourisme scientifique.

L’échange de vues sur le tourisme scientifique a montré la complexité du concept. Bien qu’il y ait eu des avancées conceptuelles significatives depuis la recherche initiée par le CIEP en 2008, des progrès supplémentaires doivent être réalisés dans son développement conceptuel (sujet présenté par Douglas Pearce). Il existe un consensus pour défendre l’idée que le tourisme scientifique est une activité où les visiteurs participent à la génération et à la diffusion de connaissances scientifiques, réalisées par des centres de recherche et de développement. Il apparaît aux exposants et aux participants que le tourisme scientifique est un pari stratégique pour le développement du tourisme dans les zones naturelles, rurales, fragiles, marginales, isolées et dont le développement touristique est naissant. Cependant, il s’agit également d’une dynamique mondiale très pertinente et qui participe à une nouvelle  » économie de la connaissance  » (Pascal Mao) que les pays de l’OCDE privilégient (comme c’est le cas de ce qui a été présenté en Espagne par Bernardí Cabrer).

Les universités et les centres qui mettent en œuvre le tourisme scientifique ont coordonné les actions entre les entrepreneurs régionaux et les centres universitaires. Les projets pilotes conçus permettent d’innover dans les stratégies de développement touristique (exemple d’Aysén présenté par Fabien Bourlon). De nouveaux outils géo-spatiaux spécifiques ont été créés, (comme présenté par Nicolas Robinet), afin d’identifier les points focaux thématiques et territoriaux, d’identifier et de localiser les « hot spots » pour le tourisme scientifique. Les destinations qui cherchent à développer cette forme de tourisme doivent remplir certaines conditions (présentées par Pablo Szmulewicz et Katerina Veloso) pour attirer les chercheurs, les étudiants et les touristes intéressés par des sujets à fort contenu scientifique. La tentative d’organiser les acteurs en thèmes prioritaires est également abordée dans le Nord québécois, comme l’explique François de Grandpré : ils doivent respecter des normes scientifiques, certains services de base et être en mesure de fournir un contenu adéquat pour accueillir des visiteurs tels que des scientifiques, des étudiants, des élèves des communautés locales ou des touristes nationaux et internationaux.

En conclusion, le Réseau international pour la recherche et le développement du tourisme scientifique est présenté. Il est actuellement dirigé par 5 partenaires fondateurs (CIEP, UACH, U de Grenoble, U de Caxias do Sul et U de Québec) et 15 chercheurs et gestionnaires de projets d’Amérique latine et d’Europe qui cherchent à renforcer leurs initiatives, à partager leurs expériences et leurs approches conceptuelles et pratiques. Ainsi, les initiatives rapportées sur le site www.scientific-tourism.org comportent une composante de recherche scientifique, de participation des acteurs locaux et des visiteurs et de diffusion des connaissances scientifiques ou des savoirs traditionnels. Ils devraient apporter des avantages socio-économiques locaux et être emblématiques, pour leurs approches innovantes et leurs stratégies de développement local inclusives. C’est l’appel lancé par l’anthropologue Maria José Pastor et le cas présenté à Aysén par Jacqueline Boldt avec le recensement communautaire des cétacés d’Aysén Mira al Mar. Les universités et les centres de recherche sont appelés à participer à ce développement et à ce suivi du tourisme à base scientifique (comme l’a souligné Michel Bregolin dans sa présentation sur les observatoires du tourisme et la mise en œuvre du tourisme scientifique dans les zones sauvages protégées au Brésil).

Jacqueline Boldt UACH - Recensement communautaire des cétacés
Dialogue sur le concept de tourisme scientifique, Pablo Szmulewicz, Pascal Mao, François de Grandpré, Douglas Pearce, Nicolas Robinet, Fabien Bourlon
Présentation par María José Pasto, Tourisme scientifique et Anthropologie
Présentation Michel Bregolin, Tourisme scientifique, espaces protégés et observatoires touristiques

Conclusion

Lors de sa deuxième réunion, le 29 avril 2019 à Valdivia, au Chili, le réseau international pour la recherche et le développement du tourisme scientifique propose de préciser le concept en indiquant que « le tourisme scientifique est une activité où les visiteurs participent à la génération et à la diffusion de connaissances scientifiques, réalisées par des centres de recherche et de développement ».

Rédacteur : Fabien Bourlon, CIEP, Chili

Examinateurs : Pascal Mao (UGA, France), Michel Bregolin (UCS, Brésil), François de Grandpré (UQTR, Canada), Pablo Szmulewicz (UACH, Chili) et Barbará Jacob (CIEP).

Date : 5 juin 2019

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